Va-t-il perdre la tête [Théa]

C’est dans cet univers culturel et léger que Théa aimait être. La bibliothèque, était un lieu qu’elle adorait. Parce que c’était silencieux, calme, relaxant. Parce qu’ici les seuls mots qu’ont entendaient étaient les doux murmures des pages qui vous invitaient à un voyage. Elle aimait se retrouver au milieux de tous ces livres.

Elle venait d’ailleurs régulièrement. Souvent pour emprunter des livres, mais aussi parfois pour simplement être submergée par cette atmosphère. Une vraie bouffée d’air, que certains estimaient plutôt comme du dioxyde de carbone. Elle non. Elle n’était peut être pas une « littéraire » comme on disait, une fille qui écrivait à longueur de journée et qui voulait devenir auteur, mais elle aimait quand même.

Elle se rendit directement au rayon des pièces de théâtre. Elle attrapa l’un de exemplaires, passa un doigt sur la couverture. « On ne badine pas avec l’amour », d’Alfred de Musset. La première fois qu’elle l’avait lu, elle avait 15 ans. Elle avait eu un véritable coup de cœur pour cette pièce. Un livre qu’elle avait déjà lu plusieurs fois, mais qu’il fallait qu’elle retravaille. La raison ? Elle allait le jouer dans quelques temps.

Elle y interpréterait le rôle de Camille. Une jeune fille qui sort d’un couvent, promise à un homme, Perdican, à qui elle refuse d’avouer ses sentiments par pure orgueil. Un rôle qu’elle avait longtemps rêvé, et aujourd’hui, elle allait enfin pouvoir le jouer ! Elle était tellement contente quand on lui avait annoncé ! Et évidemment de ce fait, elle voulait faire une performance merveilleuse. Du coup, elle travaillerait jour et nuit d’arrache pied, jusqu’à temps que la représentation soit passée.

Alors qu’elle commençait à repartir, elle repéra un garçon qui ne la laissait pas insensible. Un garçon qui, elle le savait bien, n’avait rien en commun avec elle. C’était justement un « littéraire », avec une allure de mauvais garçon. Il semblait froid, asocial, et sur de lui. Son air arrogant, son regard dur… Il voulait donner une image repoussante de lui, mais chez Théa, ça faisait l’effet inverse.

Elle était persuadée que derrière cette allure de méchant et de « bad boy », se dissimulait un garçon tendre, avec une faille. Il fallait simplement qu’elle trouve la porte, qui lui permettrait de se glisser dans son univers, et d’ainsi pouvoir découvrir, que sous son cœur de pierre, se cachait un cœur fondant qui ne demandait qu’à être aimé.

Evidemment, il fallait qu’elle se fasse une raison. Elle et Dante, ce n’était que dans ses rêves. Il ne s’intéresserait jamais à une fille comme elle. Lui ce qu’il attendait, c’était probablement une fille pour son apparence. Un chevelure blonde, des yeux verts, des seins de la taille d’une pastèque, des minis jupes et tout le tralala. Mais Théa n’était pas comme ça, et le serait jamais. Même pour lui…

« On peut dire ça, enfin, pourquoi tu me demandes ça, je présume que tu t'en fiches en fait et que t'essayais de faire la conversation, je me trompe ?! Je ne vais pas te déranger bien longtemps, je vérifiais juste un truc ! » A sa première réplique, Dante était déjà sur la défensive. Il avait pourtant parlé d’une voix calme et posé en récitant l’extrait, et maintenant, il parlait plus froidement, comme si Théa l’avait agressé. Alors qu’elle lui avait simplement demandé si il aimait cet auteur, tout bêtement, sans arrière pensée ni intention de le rembarrer. Elle ne pu s’empêcher de faire une légère grimace à cette réponse. Elle ne comprenait pas sa réaction, et n’appréciait pas vraiment non plus… Elle avait beau le trouver charmant, il se devait d’être un minimum respectueux…

Elle n’eut pas le temps de répliquer, qu’il avait déjà tourné les talons. Il était rendu au bureau de la bibliothécaire… Elle entendit alors à nouveau sa voix, toujours aussi froide, presque menaçante. Mais cette fois, il s’adressait à cette femme, chargée de gérer la bibliothèque. Il était arrogant, et bien trop sur de lui. Tout le contraire de la jeune demoiselle. Et c’était d’ailleurs peut-être pour ça qu’elle le trouvait si mignon. Peut-être qu’elle admirait inconsciemment sa confiance en lui, et son assurance. Ou peut-être aimait-elle simplement son côté mauvais garçon.

Il ne tarda pas à revenir, puis s’adressa à nouveau à elle. Il était plus calme cette fois. « Tu savais que c'était pas une bonne idée de traîner aussi tard ou je te l'apprends ? Tu penses que le conservatoire est barricadé ou quoi ? Je te ramène ! Allez viens ! » Elle ne savait pas vraiment ou il voulait en venir. Une minute auparavant, il était froid, malhonnête et distant, et maintenant il lui proposait de la raccompagner. Elle jeta un œil dehors, et remarqua que le temps s’était assombri, et qu’il commençait à faire nuit. Elle n’était pas en sucre, et savait qu’elle ne craignait rien au conservatoire, mais refuser cette proposition aurait été stupide. Si elle pouvait passer ne serait-ce que cinq minutes avec lui, elle aurait déjà beaucoup de chance. Alors pour une fois que l’occasion se présentait, elle était obligé de se laisser aller.

Elle lui emboîta le pas, et dit avec un sourire. Tu as peur qu’il m’arrive quelque chose… ? Pourtant, ça doit pas trop t’inquiéter… Elle n’avait pas oublié le ton sur lequel il lui avait répondu précédemment, et elle se devait de lui faire une remarque. Il ne fallait pas qu’il croit non plus qu’elle était stupide, et qu’il pouvait jouer avec elle… Elle savait très bien que c’était relativement risqué de lui dire ça. Et que dans le pire des cas, il accélérerait brusquement, et la laisserait en plan. Et qu’elle n’aurait qu’à regretter ses paroles. Mais elle se disait qu’il était au dessus de ça, et qu’il aurait sûrement de quoi répliquer. Il était largement assez arrogant pour trouver de bonnes idées de réponse. Il en avait en réserves…